Le débat sur le juspositivisme entre Joseph Raz et Robert Alexy.
Joseph Raz a défendu dans de nombreuses occasions sa thèse sur ce qui fait la validité du droit, contre des théories concurrentes, notamment contre la
thèse dworkienne des critères qui décident de ce qui fait que les propositions de droit sont valides, ou encore contre les thèses du positivisme juridique inclusif qu’il appelle les thèses de l’« incorporation », qui défendent l’idée que des principes moraux peuvent être des éléments décisifs dans les sources du droit. Dans « The Argument from Justice, or How Not to Reply to Legal Positivism », en réponse à la thèse de l’incorporation de la morale dans le droit au nom de la thèse non positiviste défendue par Robert Alexy dans The Argument From Injustice. A Reply to Legal Positivism, son argumentation prend une forme un peu différente. Au-delà de la contestation des arguments d’Alexy contre le juspositivisme, Raz veut mettre en évidence, c’est le sens le plus profond de son texte, la nécessaire relativisation de la controverse entre juspositivisme et jusnaturalisme et montrer le risque d’affaiblir la signification des controverses sur la nature du droit à vouloir les ramener au clivage entre le juspositivisme et le jusnaturalisme. Il souhaite contribuer à délimiter le sens limité de la thèse philosophique du juspositivisme. Ce n’était pas l’objet de cet article pour Raz de rappeler précisément et longuement les bases théoriques de sa propre théorie du droit avant d’affaiblir une théorie concurrente.
Naturellement, sa doctrine du droit est présente, surtout en creux, et elle éclaire ses arguments. L’ouvrage d’Alexy, cible de l’article de Raz, ne comportait d’ailleurs aucune analyse critique des thèses de Raz à laquelle il aurait fallu répondre.
Jean-Yves Chérot
Professeur émérite en Droit public à la Faculté de droit et de science politique à la Faculté de Droit de l’Université d’Aix Marseille